Il y a de cela bientôt vingt ans, les pays réunis à Rio ont reconnu que nos pratiques de développement engendraient plusieurs problèmes sociaux et environnementaux interreliés – pollution, pauvreté, malnutrition, etc. (ONU, 1992). Aussi le développement durable a-t-il fait son apparition en tant que nouveau principe directeur destiné à guider la croissance.
Malgré une adhésion considérable de la part de la société civile, du milieu des affaires et des administrations publiques, son opérationnalisation s’est toutefois révélée une tâche des plus complexes. Selon le PNUE, plusieurs des difficultés éprouvées peuvent être associées à une même cause, soit le caractère inapproprié de notre modèle de développement économique en regard des objectifs du développement durable.
Ce constat, sur lequel se fonde l’économie verte, pourrait bien être la clé de plusieurs problèmes. En tant qu’approche intégratrice, l’économie verte entend répondre à de nombreux défis contemporains, dont la pauvreté, la pénurie d’emplois et les difficultés économiques résultant de l’effondrement des marchés financiers, l’actuelle crise alimentaire mondiale, les problèmes liés à la disponibilité et la qualité de l’eau potable et les changements climatiques.
Des trois dimensions du développement durable, l’aspect économique domine de facto l’actuel modèle de développement et conditionne le succès de toutes tentatives de mise en œuvre du développement durable. Sur la base de cette constatation, comment peut-on, tout en assurant une transition adéquate, modifier la trajectoire de développement afin d’atteindre les objectifs du développement durable?
Loin de reléguer le développement durable aux oubliettes, l’économie verte en représente plutôt la continuité logique. Sa représentation reflète la relation de dépendance qui unit les trois dimensions du développement durable: l’économie est l’un des sous-systèmes de nos sociétés et les sociétés humaines font partie des nombreux sous-systèmes de l’environnement.
L’économie verte, aussi appelée croissance verte, vise à modifier la trajectoire des économies nationales et mondiales. Pour ce faire, on accorde la priorité au rôle directeur de la croissance, tout en redéfinissant les bases sur lesquelles se fonde cette dernière. Les tenants de l’économie verte précisent les objectifs du développement économique et identifient des moyens d’action politique concrets afin de créer les conditions nécessaires à la mise en œuvre du développement durable.
De manière générale, l’économie verte tend à i) assurer la viabilité économique, ii) lutter contre la pauvreté par la création d’emplois dans de nouveaux secteurs et iii) préserver le capital naturel qui soutient les activités humaines.
À l’heure actuelle, aucune définition véritablement consensuelle n’a encore émergé des différents forums de négociations internationales. À la faveur du processus de préparation de Rio + 20, une majorité d’États, semble-t-il, estime que, malgré l’absence d’une définition partagée, leur « compréhension commune » du concept soit suffisante et permette de pousser plus avant son opérationnalisation (Objectif Terre, 2011).
La définition du PNUE fait l’objet d’un certain consensus: « l’économie verte est une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources.» Elle serait de surcroît caractérisée par des activités économiques et industrielles à faible taux d’émission de carbone, une saine gestion des ressources naturelles et un souci pour l’inclusion sociale et le développement humain.
L’économie verte se présente comme une approche du développement visant à stimuler l’économie mondiale grâce à des politiques qui accordent la priorité à des énergies et des modes de consommation et de production durables. De plus, à travers la création d’emplois dans les nouveaux secteurs « verts », elle vise une répartition plus équitable des retombées positives de la croissance, et ce, afin d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres.
Enfin, l’économie verte s’écarte des approches fondées sur la décroissance et reconnaît l’apport fondamental de la croissance économique à l’amélioration des conditions de vie. Plutôt que proposer une feuille de route uniforme, les contours de l’économie verte sont appelés à varier selon les différents contextes nationaux.