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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 01:16

Les dirigeants réunis à Rome se sont fixé pour «objectif stratégique» d'«éradiquer la faim dans le monde», notamment par un renforcement des financements à l'agriculture. Mais où en est-on aujourd'hui de la faim dans le monde? La FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture) estime qu'1,2 milliard de personnes souffrent de la faim aujourd'hui et présentent une carence en calories quotidienne. Dans le monde, une personne meurt de faim toute les six secondes.

Dans les pays pauvres, près de 200 millions d'enfants souffrent de problèmes de croissance et de santé en raison d'une mauvaise alimentation, malgré des progrès, selon l'Unicef. En Asie, le pourcentage d'enfants souffrant d'un retard de croissance est tombé de 44% en 1990 à 30% l'an dernier et en Afrique il est passé de 38 à 34% sur la même période, indique un rapport du fonds de l'Onu pour l'enfance.

En dépit de ce recul, 195 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent d'un retard de croissance dû à une sous-alimentation pendant la période critique située entre la conception et le deuxième anniversaire. Ils sont souvent en mauvaise santé et leur développement intellectuel est plus lent.

Plus de 90% des enfants de pays en développement souffrant de retards de croissance vivent en Afrique et en Asie. Un tiers d'entre eux, environ 60,8 millions, vivent en Inde.

Si on meurt de faim, c’est pour plusieurs raisons. La principale cause est «la crise dans laquelle se trouve l'agriculture familiale aujourd'hui», explique Catherine Gaudard du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD). 70% des personnes qui souffrent de la faim sont des petits agriculteurs des pays en  développement. Ensuite, les années de politiques agricoles ont fait des ravages. «Dans les années 70, les politiques d'ajustement structurel encourageaient les pays en voie de développement à abandonner les cultures traditionnelles pour se tourner vers des cultures exportables», souligne Frédéric Baudouin auteur de La faim dans le monde: crises d'aujourd'hui et défis de demain (éditions de l'école des mines). Ces pays ont donc perdu les savoir-faire de l'agriculture et ne peuvent plus aujourd'hui nourrir leur population.

Même si «c'est un souhait tout à fait louable», souligne Philippe Chalmin, auteur de Le monde a faim: quelques réflexions sur l'avenir agricole et alimentaire de l'humanité au XXIe siècle (éd. Bourin), l'ambition de la FAO d'éradiquer la faim est difficilement réalisable. D’après ce dernier « ça ne va pas se résoudre en un coup de baguette magique. Cela demande des engagements forts et sur la longueur». Or, c'est loin d'être le cas pour le moment. «Les chefs d'Etat avaient pris des engagements financiers lors du sommet de l'Aquila en juillet dernier. Vingt milliards de dollars devaient être débloqués pour développer l'agriculture dans les pays en développement, or aujourd'hui rien n'est fait», reprend Catherine Gaudard.

Et pourtant, on pourrait nourrir tout le monde si on le souhaitait. En effet, mathématiquement, il y a suffisamment de ressources pour que chacun puisse manger à sa faim ou du moins avoir l'apport calorique nécessaire à tout être humain. Le problème ne se situe donc pas dans les ressources, mais dans leur répartition et dans les modèles de production et de consommation. Il faudrait en effet encourager le développement de l'agriculture au niveau local pour que les pays développement puisse nourrir leur population. Est-ce un problème d'argent? «Ce n'est pas un problème d'argent, mais plutôt de politiques agricoles», explique Philippe Chalmin. «Ces politiques prennent du temps à être mises en place dans les pays en développement». S'engager à apporter une aide financière ne suffit pas, il faut soutenir les programmes de développement derrière.

Mais qui se soucie encore de la faim dans le monde? Pas de dirigeant du G8,c'est sûr. Les représentants de ces huit pays, parmi les plus puissants économiquement de la planète, ont bien autre chose à faire que de parler tragédie humaine. Ces dirigeants du G8 ayant boycotté le sommet, a quoi sert-il ? Les dirigeants des pays du G8 avaient tous participé au sommet qui s'est tenu en juillet à l'Aquila, en Italie, et des engagements avaient été pris. «Le sommet qui se tient actuellement à Rome était une opportunité pour lancer enfin le partenariat sur l'agriculture locale», décrypte Catherine Gaudard. Sans ces dirigeants, ce sommet «est une coquille vide».

Même si aucun nouvel engagement chiffré ne figure dans ce texte d'une quarantaine d'articles, notamment pas les 44 milliards de dollars annuels pour l'agriculture, jugés nécessaires par la FAO. Les auteurs de la déclaration se contentent de saluer la promesse des membres du G8 à l'Aquila en juillet dernier de mobiliser 20 milliards de dollars sur trois ans contre la faim, et de demander que «ces engagements soient honorés». Mais le principal défi à relever demain sera celui de l'explosion démographique. Selon Philippe Chalmin, «pour répondre à la demande de plus en plus forte, il faudra qu'en 2050 nous ayons multiplié par deux la production agricole mondiale». 

 

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commentaires

F
<br /> Effectivement les principaux dirigeants du G8 ont une drôle de conception de leur rôle dans le monde . C'est vrai qu'ils n'ont pas faim, eux ! Un petit jeûne de 2 jours leur feraient du bien !<br /> Qu'est-ce que 2 jours dans une vie ?!<br />  C'est malheureux que l'éducation que l'on donne à nos enfants d'ici, ne serve pas à les faire réagir contre cet état de fait ....Quoiqu'avec la crise financière et l'euro qui a ôté beaucoup<br /> de pouvoir d'achat , une bonne chose sera arrivée : que le gâchis de consommation qui est fait soit fortement remis en cause par les gens . Tant mieux car les consciences sur la bêtise de la<br /> société de consommation a commencé à faire de l'effet : moins dépenser, faire attention, ignorer les demandes de consommation à tout prix  !<br /> Bonne soirée .<br /> fanorise<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Merci du commentaire. Je partage ce point de  vue. Bonne soirée et on reste en contact.<br /> <br /> <br />